
La France et l'Arabie saoudite organisent une réunion sur une solution à deux États entre Israël et les Palestiniens
"Le temps est venu" pour la France de reconnaître l'Etat de Palestine, a déclaré lundi Emmanuel Macron, une démarche appuyée par d'autres pays en vue de soutenir une solution à deux Etats entre Israéliens et Palestiniens, mais vivement critiquée par Israël et les Etats-Unis.
"Je déclare que la France reconnaît aujourd'hui l'Etat de Palestine", a déclaré le président français à la tribune des Nations unies à l'occasion d'une Conférence pour la mise en oeuvre de la solution à deux Etats et le règlement pacifique de la question de la Palestine, co-organisée par Paris et Ryad.
"Cette reconnaissance de l'État de Palestine est une défaite pour le Hamas comme pour tous ceux qui attisent la haine antisémite, nourrissent des obsessions antisionistes et veulent la destruction de l'État d'Israël", a poursuivi Emmanuel Macron, dont l'annonce a été applaudie dans la salle.
Aux yeux du président français, "cette reconnaissance ouvre le chemin d'une négociation utile aux Israéliens comme aux Palestiniens. Ce chemin est celui du plan de paix et de sécurité pour tous que l'Arabie saoudite et la France ont soumis au vote de cette Assemblée qui l'a adopté à une très large majorité."
Dans un discours qu'il voulait équilibré, le président a réclamé la libération des 48 otages israéliens enlevés par le Hamas encore détenus et affirmé que "rien ne justifie la poursuite de la guerre à Gaza".
"Oui depuis le 7 octobre, c'est bien la vie de l'autre qui est niée", a-t-il dit. "Une solution existe pour briser le cycle de la guerre et de la destruction".
La France avait annoncé en juillet son intention de reconnaître l'Etat de Palestine, ouvrant la voie à une démarche similaire par d'autres pays occidentaux, notamment le Royaume-Uni.
"NOUS NE POUVONS PLUS ATTENDRE"
Dans son discours qui a été précédé d'un vif débat en France, où vivent les communautés juives et musulmanes les plus importantes du continent européen, Emmanuel Macron a insisté sur l'importance d'agir maintenant.
"Le temps de la paix est venu car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir", a-t-il dit. "Certains diront trop tard, d'autres diront trop tôt. Une chose est sûre : nous ne pouvons plus attendre".
Il a souligné l'importance de parvenir à un désarmement du Hamas et conditionné l'ouverture d'une représentation diplomatique française à la libération des otages.
"Je pourrai décider d'établir une ambassade auprès de l'État de Palestine dès lors que tous les otages détenus à Gaza auront été libérés et qu'un cessez-le-feu aura été établi", a-t-il dit avant de conclure : "La paix est beaucoup plus exigeante, beaucoup plus difficile que toutes les guerres. Mais le temps est venu".
Lors du sommet, qui se tient à la veille de la première journée de débat général de la 80e session de l'Assemblée générale de l'Onu, cinq autres Etats doivent formellement reconnaître à leur tour l'Etat de Palestine.
Dimanche, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et le Portugal ont reconnu officiellement l'Etat de Palestine
Certains pays européens comme l'Allemagne - soutien de longue date d'Israël en raison de son rôle historique dans l'Holocauste - et l'Italie ne devraient pas suivre le mouvement.
Israël et leur principal allié, les Etats-Unis, ont décidé de boycotter le sommet franco-saoudien. L'ambassadeur israélien aux Nations unies Danny Danon a dénoncé un "cirque" et une "récompense" faite au Hamas.
Le sommet, qui réunit à New York des dizaines de dirigeants mondiaux, se tient alors qu'Israël a lancé une vaste offensive terrestre dans la ville de Gaza, près de deux ans après le début de son "siège total" de la bande de Gaza en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
Les négociations indirectes sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas restent dans l'impasse.
Parallèlement à la guerre dans l'enclave palestinienne, Israël a intensifié ses opérations et étendu ses colonies en Cisjordanie occupée, ce qui a incité des pays à agir, craignant que la perspective même d'une solution à deux Etats s'évapore définitivement.
(John Irish, avec Elizabeth Pineau et Blandine Henault, édité par Kate Entringer)
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